Jean-Michel Othoniel se sert du verre soufflé comme d’une palette multicolore nourrissant une œuvre opulente et baroque. Des sculptures en perles qui ont fait sa réputation, dont Le Kiosque des noctambules (place du Palais Royal à Paris) ou encore Les Belles Danses au château de Versailles. Sous le titre de « Géométries amoureuses », Jean-Michel Othoniel dévoile ici, pour la première fois, un choix de ses œuvres en verre prélevées par lui-même dans sa collection personnelle.
L’histoire de l’art nous renseigne sur le fait que des artistes ont conservé dans leur atelier certaines de leurs propres œuvres, non parce qu’elles ne trouvaient pas preneur sur le marché, mais parce qu’elles revêtaient à leurs yeux une importance capitale, en tant que jalons de leurs parcours créatifs. À l’instar des anciens rhéteurs qui, pour se souvenir des parties de leurs discours, disposaient de la technique des « lieux de mémoire» ou chambres imaginaires où l’on rangeait les mots, l’artiste collectionneur envisage les œuvres de sa collection personnelle comme des étapes du chemin parcouru.
Jean-Michel Othoniel présente donc sa « chambre au trésor ». L’obsidienne de Lipari, les briques bleues des verriers indiens, les larmes de verre du Mexique sont autant de cailloux sur le sentier de la création. Chaque œuvre condense à la fois un moment du temps et un lieu de séjour. Autant de géométries amoureuses évoquant les plaisirs, les beautés et les joies de la vie pour mieux en suggérer les doutes, les fragilités et les souffrances.