Marquée du sceau de la seconde École de Paris, la démarche créatrice de Jean Le Moal, à l’influence conjuguée du surréalisme et de Picasso et nourrie des échanges avec les artistes du groupe lyonnais Témoignage – entre autres Jean Bertholle et Étienne-Martin –, se révèle après la guerre dans l’expressionnisme abstrait, comme nombre de peintres de sa génération. Toutefois, son originalité tient dans le passage permanent que chaque toile organise d’un univers de référence à un autre, souvent lié au regard attentif que l’artiste pose sur le monde. Jean Le Moal poursuit librement son travail sur la question de la non-figuration dont il ne cessera de donner une image personnelle comme pour brouiller les pistes, semblant parfois atteindre une figuration relative ou de plus en plus allusive, enrichissant parfois son regard de l’apport de la pratique photographique.
À travers huiles, dessins, aquarelles, sculptures et maquettes pour des commandes de vitraux ou de décors de théâtre, le parcours retenu, à caractère rétrospectif valorisant la thématique du paysage (notamment de la Bretagne et de l’Ardèche), participe à la découverte d’une œuvre importante, qu’il est pour la première fois permis de saisir dans l’ensemble de son développement. Nous découvrons la singularité d’un peintre voué à la couleur, à la question de l’espace et des variations de la lumière.